Koldewey et la mission archéologique allemande.

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Babylone a été redécouverte par des archéologues allemands à la fin du XIXe siècle, dans un contexte de concurrence politique et scientifique. Les recherches les plus importantes ont ainsi été effectuées par les allemands. C’est l’architecte et archéologue Robert Koldewey qui a dirigé les fouilles de 1897 à 1917 pour le compte du Musée impérial de Berlin. Koldewey a été choisi pour ces compétences en architecture et son expérience passée en Anatolie. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des fondateurs de l’archéologie moderne allemande. Dès le départ il a développé une méthodologie personnelle très rigoureuse et précise. Il a ainsi dressé l’inventaire du site à la pierre prêt.

Koldewey à Babylone. www.world-archaeology.com/

Koldewey à Babylone.
www.world-archaeology.com

Le but de la mission était de vérifier l’existence de la tour Babel. Les fondations et des fragments d’escalier retrouvés permettent d’affirmer que la tour était carré et non circulaire comme le montre de nombreuses représentations. Alexandre le grand avait détruit la ville pour la reconstruire à son image. Il a fait enlever les briques de la ziggourat pour la reconstruire à un autre endroit de la ville mais il meurt avant d’achever son projet.

L'entrée triomphale d'Alexandre à Babylone. Estampe de UDRAN Jean (graveur), LE BRUN Charles  (peintre). 1ère moitié XVIIIe siècle.  Musée des beaux-arts et d'archéologie de Châlons-en-Champagne . www.culture.gouv.fr

L’entrée triomphale d’Alexandre à Babylone.
Estampe de UDRAN Jean (graveur), LE BRUN Charles (peintre).
1ère moitié XVIIIe siècle.
Musée des beaux-arts et d’archéologie de Châlons-en-Champagne        www.culture.gouv.fr

La ziggourat est donc restée arasé. Les vestiges du palais ressemblent quant à eux à un tas de décombres. Par ailleurs, des fragments de la porte d’Ishtar ont été retrouvés et ramenés en Allemagne afin de la reconstituer avec son décor. Elle est aujourd’hui exposée au musée Pergame de Berlin.

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La porte d’Ishtar au musée de Pergame à Berlin. www.cliolamuse.com

Koldewey exhuma également un gigantesque rempart doté de tours à intervalles réguliers englobant une surface de 850 hectares. A l’intérieur de la cité fortifiée, les vestiges du palais d’été constituaient le centre politique et religieux. Des centaines de salle étaient concentrées autour de quelques grandes cours intérieures. De plus, Koldewey mis au jour un complexe souterrain de chambres et de puits comportant des traces d’installations hydraulique qu’il interpréta, dans un premier temps, comme étant les fondations des Jardins suspendus. Mais cette hypothèse n’a pas pu être confirmée par la suite.

Les complexes monumentaux ne sont pas les seuls à avoir été étudiés. En effet, des sols entiers de maison ont été fouillés ce qui a permis d’en apprendre davantage sur la vie quotidienne des habitants de Babylone : pratiques alimentaires, organisation de l’habitat. Par ailleurs les vestiges de la culture matérielle de cette civilisation livrent des informations sur les techniques artisanales (des moules en argile et des tablettes cunéiformes ont été retrouvés) et les dépositoires (dépôt d’objet dans le sol interprété comme des offrandes) renseignent sur les pratiques religieuses.

La ville a été entièrement construite de briques crues et cuites, matériau permettant la réalisation de bâtiments de grandes dimensions. La fouille posa quelques difficultés car la couche de destruction des bâtiments se distinguait mal de la couche des structures dégradées mais restées en place et noyées sous les débris.

© Clio la Muse.

Briques sculptées et émaillées de Babylone.
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Les monuments révèle le savoir-faire de ces babyloniens qui maîtrisaient l’art du moulage et de l’émaillage de la brique. Les briques en relief étaient confectionnaient manuellement et sculptées dans l’argile humide. Ensuite, l’ajustement des briques était vérifié probablement à l’aide d’un bâti provisoire en bois ou d’une feuille de palmier afin de simuler les joints de mortier et d’empêcher les briques encore fraiche de coller entre elles. Les blocs séchaient alors à l’aire libre. Puis la glaçure était étendue sur la brique, sous la forme d’un film liquide qui se vitrifiait  à la cuisson. Les babylonien arrivaient à contrôler la couleur des glaçures, cette maîtrise technique résultait d’un long processus d’expérimentation.

Malheureusement, aucun texte mentionnant les procédés de mise en œuvre n’a été retrouvé. La reconstitution des techniques anciennes s’effectue alors par une série d’expérimentations dont les résultats sont comparés aux vestiges archéologiques. Le recourt à l’ethnographie constitue également une aide dans la compréhension de ces techniques.

Sources :

Reportage : Arte, B comme Babylone, France, 2008.

Revue : BOISSIER A, Les Ruines de Babylone et les Fouilles de la Mission allemande, Revue Archéologique, Quatrième Série, T. 3, (JANVIER-JUIN 1904), pp. 119-12. Via jstor.org

Babylone la légendaire

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Babylone la légendaire

jardins suependus de Babylone

Gravure romaine représentant les jardins suspendus de Babylone

La ville de Babylone est abandonnée et disparait au cours du IIe siècle après J-C, mais son souvenir va se transmettre par l’intermédiaire des auteurs antiques qui vont poser pour la postérité les premiers éléments qui feront de Babylone une ville mythique.
Hérodote, qui parcourt le monde au Ve siècle avant notre ère, visite la ville lors de sont passage en Mésopotamie. Il fait la description d’une tour gigantesque faisant office de temple et de résidence au dieu protecteur de la cité. Un peu plus tard,  Ctésias au IVe siècle avant J-C, médecin grec séjourne à la cours du roi perse , il voit en Babylone une ville immense en proie au chaos, dans laquelle ses  souverains vivent dans l’opulence et la fête permanente, coupés des réalités et de leur peuple.
Strabon, un grec d’Asie mineure et un des premiers géographes,  voyage au Ier siècle et décrit la ville et ses remparts qu’il juge extrêmement impressionnants et la considère, avec ses jardins suspendus, ses murailles et ses palais, comme une des sept merveilles du monde. De ses voyages, Strabon réalise de descriptions minutieuses du site.
Les récits des auteurs grecs vont se transmettre aux auteurs romains qui vont continuer d’utiliser et de rêver l’image de Babylone, ce souvenir va atteindre les savants du Moyen-Age et de la Renaissance, permettant au mythe de venir jusqu’à nous.

a Grande Tour de Babel, Pieter Brueghel l'Ancien 1563 Huile sur bois

Les archéologues sur les traces de Babylone.

Robert Koldewey sur le site de Babylone

Robert Koldewey sur le site de Babylone

Les premières recherches de Babylone, à l’époque de la Renaissance, sont infructueuses: la ville, après son abandon, a rapidement disparue sous les sables, et on ignore désormais sont emplacement. Il faut attendre le XVIIe siècle pour pouvoir enfin identifier le site grâce aux populations locales. Sa découverte reste cependant décevante pour le voyageur dans la mesure où il ne reste plus de bâtiment visible.
Les premières véritables fouilles archéologiques  sont lancées par les Français sous la deuxième République mais donne des résultats limités. Il faut attendre l’année 1899 et la mission archéologique allemande directement commandé par l’empereur Guillaume II, menée par Robert Koldewey, pour obtenir les premièrs résultats concluants. Koldewey, architecte de formation, effectue une fouille minutieuse et fait de nombreux relevés lui permettant de révéler les plans de la ville du temps de Nabuchodonosor II, de reconnaître les principaux monuments et de rapporter du mobilier qui sera exposé à Berlin.

Une partie des vestiges se trouvent sous les eaux souterraines et les fouilles doivent se limiter aux couches les plus récentes. Les fouilles allemandes prennent fin en 1917 et sont toujours, à ce jour, l’une des principales sources archéologiques pour Babylone.

Aquarel W.Andrae 1909, Berlin

Premières fouilles du site de Babylone. Par W.Andrae 1909