Le mythe de la tour de Babel possède également un caractère ambivalent. A certaines époques, la tour symbolisait l’orgueil humain, la révolte contre dieu, tandis qu’à d’autres époques, notamment au XVIIIe et XIXe siècle, elle était vue comme une construction extraordinaire correspondant au moment où les hommes étaient tous uni.
Au XVIIIe siècle, l’architecte français Etienne-Louis Boullée crée un fanal tronconique en référence à la tour de Babel. Une frise elliptique s’enroulant autour du fanal représente des personnages se tenant la main en train de monter l’escalier de la connaissance. Cette œuvre renverse le mythe en mettant l’accent sur l’aspiration à la solidarité et à l’unité de l’humanité.
Ce mythe semble expliquer les périodes de crises comme la Réforme, la Révolution industrielle et la crise économique actuelle. Le mythe ressurgit pendant ces périodes caractérisées par la remise en question de la valeur du progrès car il porte en lui la tension entre l’espoir et la destruction. Le mythe sert alors de miroir aux sociétés. L’aspect du mythe retenu par chaque société reflète donc ses propres préoccupations.
Pour les irakiens d’aujourd’hui, Babylone est le symbole d’un héritage commun. En effet, ils associent la ville à la grandeur de la civilisation de leurs ancêtres. Un fort sentiment d’identité culturel est encore présent au sein de la société irakienne contemporaine. Ishtar, la déesse de l’amour et de la fécondité fascine encore les irakiens et suscite leur respect.
Saddam Hussein a même tenté de reconstruire le mythe de Babylone à son image, en faisant reconstruire, dès 1985, le palais de Nabuchodonosor II en y ajoutant les inscriptions : « Moi, Saddam Hussein, je reconstruit l’empire de Babylone ». La propagande du gouverneur irakien multipliait en effet les références aux périodes glorieuses de l’Irak. Saddam Hussein affichait clairement son ambition de recréer le pouvoir du vaste empire babylonien ainsi que celui du khalifat de Bagdad. Le mythe a donc fait l’objet d’une instrumentalisation politique par le régime totalitaire du gouverneur irakien, ce qui en dit long sur la postérité de la puissance de Babylone.
Sources :
Article : CORNU Francis, La fin du rêve de Saddam Hussein, 2003, Lemonde.fr/international
Reportage : Arte, B comme Babylone, France, 2008.
Ouvrages :
AZIZA C, Guide de l’Antiquité imaginaire, ed Les Belles Lettres, 2008.
BOTTERO J, Babylone et la bible, ed Les Belles Lettres, 1994.