Babylone, la cité aux deux visages.

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Babylone, première grande capitale internationale, concentre tout l’héritage architectural, technique et culturel de la Mésopotamie. Même après sa disparition, la cité a continué d’alimenter l’imaginaire collectif jusqu’à nos jour.

A l’origine, le mythe de Babylone renvoyait à la condamnation de la ville dans la Bible. Ce texte fondateur des sociétés judéo-chrétiennes condamne la Babylone maudite pour avoir détruit Jérusalem et déporté les hébreux afin de s’imposer comme un centre du monde « maléfique », une anti-Jérusalem.

« En raison de la colère de l’Éternel, elle ne sera pas habitée, mais sera complètement désolé. Tous ceux qui passent Babylone seront horrifiés et se moquent à cause de toutes ses plaies ». (Jérémie 50 :13) « Babylone sera un morceau de ruines, un repaire de chacals, un objet d’horreur et de mépris, un endroit où personne ne vit ». (Jérémie 51 :37).

La destruction de la tour de Babel.  Cornelisz Anthonisz. (Amsterdam, vers 1505-1553). www.mini-site.louvre.fr

La destruction de la tour de Babel.
Cornelisz Anthonisz. (Amsterdam, vers 1505-1553).
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Toutefois, la Bible fait également allusion au caractère somptueux de la ville ; elle y est aussi décrite comme « une coupe d’or aux mains de Yahvé ».

De plus, les sources grecques (Hérodote, Strabon, Diodore de Sicile) glorifient la ville pour son prestige et son faste. Les grecs considéraient notamment Babylone comme un modèle de progrès technique et culturel. En effet, ils ont dû être subjugués par l’immensité de la ville qui mesurait 1000 hectares, dimension gigantesque par rapport Rome. Par ailleurs, les textes littéraires  du monde babylonien ont influencé certains auteurs. Par exemple, il est probable qu’ Homer se soit inspiré de l’épopée de Gilgamesh pour ses œuvres célèbres que sont lIliade et l’Odyssée.

Entre la Bible et la tradition gréco-romaine, Babylone a fini par symboliser un Orient à la fois décadent et merveilleux. La particularité et l’intérêt de ce mythe réside ainsi dans son ambivalence. Il possède deux facettes qu’il est intéressant d’étudier dans une perspective historique. En effet, selon l’époque, Babylone est vue plutôt sous son aspect positif ou négatif.

La Tour de Babel. Monsù Desiderio (François de Nomé) (Metz 1593, dernier tableau signé : 1630) www.mini-site.louvre.fr

La Tour de Babel.
Monsù Desiderio (François de Nomé) (Metz 1593, dernier tableau signé : 1630)
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A la fin du XVIIIe s et surtout au XIXe siècle beaucoup d’écrivains et d’artistes développent un intérêt pour la ville, symbole d’un Orient inconnu et lointain associé au luxe, à la débauche et à la luxure. Ils sont fascinés par cette vie somptueuse et débridé aux antipodes des critères moraux de leur époque. Pendant les époques de grands travaux et aménagements urbains, l’accent est ainsi mis sur la ville magnifique.

A l’inverse durant les périodes marquées par des condamnations morales et des catastrophes on se réfère à la ville maudite. Ainsi, au XVIe, Luther condamne la Rome papale comme la ville maudite. Au milieu du XIXe, dans le contexte de la révolution industrielle, certains condamnent l’évolution de grandes métropoles. Babylone est véritablement devenue le symbole de la ville maudite.

Sources :

Article : CORNU Francis, La fin du rêve de Saddam Hussein, 2003, Lemonde.fr/international

Reportage : Arte, B comme Babylone, France, 2008.

Ouvrages :

AZIZA C, Guide de l’Antiquité imaginaire, ed Les Belles Lettres, 2008.

BOTTERO J, Babylone et la bible, ed Les Belles Lettres, 1994.

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